Journal
Vendredi 18 août 2017, 21h30.
Soirée folk à l'Emporium Galorium (Rouen), Bleu Nuit en présence de Sylvain Barbaray et Palikao.
Si la moitié de Bleu Nuit savait à quoi s'attendre (Jason y ayant fait ses gammes avec Asphalte), toute l'autre moitié - pas moins de 50% du groupe - découvrait le lieu (bibi). Ambiance humide loin d'être grotesque dans cette cave digne de Lascaux II en visite audio. Très bien conçu pour un tour de chant, la grotte est indépendante du bar, l'accès libre. De la pierre et des voûtes, de la bière et des croûtes, un lieu tout à fait adapté à la musique folk, intimiste et vite chaleureux dès lors qu'une multitude de banquettes rouges en ornent l'espace public. On se serait cru chez Michel Drucker, un dimanche après-midi. Sauf qu'on était vendredi. Le soir. Et que le public sentait bon les galets chauds.
On ne pensait pas faire mouche en plein mois d'août, au lendemain de l'attentat barcelonais, mais le rassemblement - encore une fois - a eu lieu. Peut-être bien que c'est notre façon de vivre, à nous autres, sortir prendre un verre devant des musiciens, rencontrer du monde, bavasser un brin. Un public fourni a vite fourmillé au couchant du soleil, bienveillant et à l'écoute. Pas encore cette fois qu'on se plaindra. Pas encore cette fois qu'on se mettra au macramé ou au frisbee. Non. On garde les guitares en main. On s'épanche. Tous ensemble. On était proches, collés, collants, et ça nous va bien.
Ainsi donc commence le résumé de la soirée. Longue soirée façon Inside Llewyn Davis des frères Coen.
21h30. Sylvain Barbaray, barré et pas barbant pour un sou, ouvre le bal. Un mot vient rapidement à l'esprit pour qualifier le répertoire de Sylvain : sobriété. L'homme est pourtant à consommer sans modération. Une voix parlée grave très agréable aux cochlées, une voix psalmodiée plus haute, tantôt fragile, tantôt forte, tout en maîtrise et délicatesse, croyez-nous, le camarade sait chanter. Un contact avec le public lunaire et touchant, on lui paierait bien un verre... d'ailleurs, mon p'tit doigt me dit que l'individu serait encore dans les rues rouennaises, armé d'une Guild, donnant de sa personne pour qui veut bien pendant que Nümi veille sur lui (artiste féminine qu'on recroisera à coups sûrs).
22h30. Palikao enchaîne. Quincy aux percussions, Alex tient les mots et la six cordes. Quatre auraient suffi, mais six, ça le fait :-) Des sonorités bretonnes, des chants de matelots, des évocations de matelas, ça envoie du lourd. Pas une chanson qui ne se ressemble, pas un riff recyclé, on explore le spectre de la musique dans son ensemble. Quincy enrobe tout ça de darbouka, de bongos, de congas avec une générosité infinie et un sens de l'impro visible. Une crème. Vous avez demandé une kora ? Il vous sort une kora sans sourciller. Vous avez demandé une chanson avec une kora ? Il intègre sa kora à la gratte d'Alex. Vous avez demandé un cours sur la kora ? Pas de soucis, l'homme n'est pas avare, on vous dit, et savant avec ça... étymologie, histoire et lutherie, on a découvert un groupe, un instrument et deux hommes fichtrement intéressants.
23h30. Bleu Nuit en scène. A soirée spéciale, répertoire spécial ! On n'a fait QUE des reprises. Dix au total. Et pour couronner le tout, on les a toutes prises dans notre répertoire perso. Un sacré hommage à nos pommes, parce que personne d'autre ne voulait le faire :-p Ça avait l'apparence de Bleu Nuit, le goût et l'odeur. On refera.
On a reconnu des visages croisés au Gibier de Potence. Vous savez comme c'est, dans le tumulte de la soirée, on se croise, on se regarde, on met du temps à se remettre, on cogite, on s'agite, mais une fois les neurones en place, les connexions faites, quel bonheur pour nous ! Et même si l'on n'a pas eu l'esprit d'échanger un mot dans la bataille (on rangeait le matos, on boujoutait les copains, on multipliait les pains), ça nous a sacrément fait plaisir de reconnaître nos premières oreilles, nos premiers regards, nos premiers sourires, de fidéliser quelques âmes en quête de guitare/voix. Merci à vous, beaux inconnus, on se reverra, on s'appréhendera mieux encore, promis.
On a même identifié notre fidèle ArnoH de H comme ArnoH (jamais très loin) et le photographe Charl Lye qui signe nombre de photographies qui ornent ce journal, juste comme ça, par gentillesse et passion de la photographie. Merci à vous messieurs et à la prochaine avec plaisir.
Notre petit monde vivote, se renforce, et tout cela fait des guili-guilis dans la tubulure.
Bleu Nuit.
(Jason et Mickaël Feugray).
©rédits photos : Jason Feugray, Emilie Gerbron et Charl Lye.
Répertoire : 01. Prendre le large / 02. On murmure dans la foule / 03 . On part à l'aveugle / 04. Si seul(s) / 05. Pourvu qu'on ne lâche rien / 06. L'amour selon Goémon / 07. Faudra bien que ça tienne / 08. L'arme des marmots / 09. Grain de sable / 10. Ballade